Expédition Iowa 2014

Iowa 2014 est une expédition nationale de la Fédération Française de Spéléologie qui s’inscrit dans l’exploration des karst tropicaux en Papouasie Nouvelle Guinée.
Menée par une équipe aguerrie, la prospection spéléo en forêt vierge équatoriale primaire a permis la découverte de nouvelels grandes cavités sur le massif mythique des Nakanaï.
De retour à la lumière du jour, Phil Bence raconte cette aventure, entre rêve et réalité, et comment ténacité et patience auront ouvert de nouveaux gouffres en plein cœur de la forêt équatoriale.

L'article sur le site de Petzl.com

Le site de l'expédition

8-iowa

Photos Papouasie 2012

Posted by on Sep 3, 2012 in photos | No Comments

Photos : JP Sounier, Phil Bence, Bruno Guiter

Expédition Wowo 2012 – Papouasie

Posted by on Août 30, 2012 in Actualités, Expédition | No Comments

WOWO 2012
Matali – New Britain

L’expédition nationale FFS 2012 se termine avec de beaux résultats.
Après 1 mois passé en forêt, les explorations tant post-siphon à l’aval que dans les réseaux supérieurs par des escalades font que le réseau Wowo développe maintenant plus de 20 km et devient ainsi le plus long connu à ce jour en Nouvelle-Bretagne.
Avec 660 m de profondeur, il est aussi le second plus profond de Papouasie
.
Nous avons découvert et exploré « Khou » une perte jusqu’à – 423 m ainsi que de nombreuses autres cavités. Les résurgences au fond des gorges ont été atteinte au prix de plusieurs jours d’effort, elles se sont toutes révélées impénétrables.
Au final notre équipe aura découvert près de 11 km de nouvelles galeries sur ce secteur de la Matali améliorant encore la connaissance de ce massif fabuleux.

Les PHOTOS de l'expédition

Le SITE WEB de l'expédition

Le JOURNAL de l'expé sur Ariège News

 

Expédition Bairaman 2002 – Papua New Guinea

Posted by on Août 28, 2012 in Expédition | No Comments

Exploration sous la Jungle 2002
Massif de la BAIRAMAN

Compte-rendu sucinct :

L'équipe forte de 17 personnes est arrivée en 2 temps sur l'île de nouvelle-Bretagne.

Aussitôt sur place, le premier groupe s'est divisé pour plus d'efficacité dans la phase préparatoire.
– Gérard C. et Raphi S. sont directement partis sur Kimbé récupérer le matériel stocké l'an dernier. Ils l'on ensuite acheminé sur le village de Bairaman par avion.
– Le gros de l'équipe est monté au nord, sur Rabaul-Kokopo afin de prendre contact avec les autorités locales, de décider de la stratégie avec le pilote de l'hélico et de négocier un hébergement pouvant accueillir l'équipe et le matériel.
Pendant que certains s'approvisionnent en vivres et en matériels pour les 4 semaines à passer en forêt, Bernard T, Olivier G, Alfredo M et Jean-Marc H. embarquent le samedi 19 au matin dans l'hélico avec le strict minimum direction les hauts plateaux de la Bairaman. Leur objectif est de rejoindre le point choisi pour l'installation du camp de base, sur les bords du plateau et de préparer une DZ pour l'arrivée des suivants.
Dès que vivres et matériels ont été achetés, pesés et numérotés sur Kokopo, Marcin et Tomeck vont acheminer le tout sur Bairaman par bateau.
En même temps, l'équipe sentier, Enrique O, Steph M et Franck B. rejoint le village de Maïto à 6 h de marche de Bairaman et commence la taille pour atteindre les coordonnées du camp de base.

La communication est une condition indispensable à la réussite de l'expé, pour cela les différentes équipes sont en relation par téléphone satellite et par des talkies particulièrement puissants (contact 5/5 entre le plateau et le bord de mer à plus de 25 km).

Le premier contact avec la montagne nous a réservé une surprise de taille, ici, comme sur la Galowé, la forêt primaire a été détruite par le cyclone de 97. Les déplacements vont donc devenir la difficulté majeure de l'expédition.
Effectivement après 4 jours d'une taille difficile, l'équipe du sentier est encore très loin du camp. Afin de gagner un temps précieux, nous décidons alors d'héliporter toute l'équipe et le matériel . En une journée, en jonglant avec le mauvais temps depuis l'aube, nous serons tous au camp avec 7 rotations d'hélico.
Grâce à l'efficacité des premiers arrivés, aux jalons posés par les nombreuses expé précédentes mais aussi grâce à la chance (nous n'avons perdu aucun bagage lors du voyage); 3 jours après son départ de Toulouse, la seconde partie de l'équipe était à Bairaman pour l'héliportage, du jamais vu !

Après 3 jours passés à construire un camp digne de ce nom, les choses sérieuse commencent vraiment. Par petits groupes, nous taillons en direction des objectifs pointés en 2000, des anomalies topographiques de nos cartes au 100 000ème, mais aussi vers toute les dépressions que nous trouvons sur notre route.
Ainsi nous avons prospecté le talweg le plus marqué du plateau sur 6 Km.
Atteint le pt n° 10, n°9, n°11, n°5 et nous sommes allés dans les grosses dolines à 2 km du pt n°7. Nous avons trouvé beaucoup de pertes obstruées par des éboulis; les points repérés que nous avons pu atteindre se sont tous révélés décevants. Seule la prospection systématique a donné quelques résultats :
> Le talweg a livré 6 entrées dont 3 donnant sur des réseaux importants.
> La zone du pt 7, 2 gouffres majeurs.

Nous n'avons pu dépasser la côte des – 250 m, dans chaque cavité, siphon et trémie nous ont systématiquement fait obstacle. Seule exception au tableau, Waran exploré au cours des tous derniers jours et arrêt sur rien vers – 220 m. Cette cavité reste à revoir mais la situation de l'entrée et la configuration des galeries font que les crues sont un risque extrêmement important à prendre en compte.

10 jours après notre largage sur le massif, nous avons eu l'heureuse surprise de voir arriver 8 papous du village de Maito. Six d'entre eux resteront avec nous jusqu'a la fin, leur aide à la machette et au portage nous a grandement facilité la tâche sur les derniers jours.

Sur le plan médical, même si nous avons tous eu quelques petits soucis, coupures et autres plaies, nous n'avons heureusement pas eu de problèmes graves a gérer. Les plus importants ont été une coupure profonde à la main, un ulcère tropical au bras, une infection à l'œil, de fortes douleurs lombaires et un début d'infection généralisée en fin de séjour. Notre assistance par les équipes du SAMU 31 via satellite s'est révélé efficace et adaptée ce type d'expédition.

En conclusion, Nous avons eu la chance d'être les premiers a mettre les pieds sur ce massif des monts Nakanaï. Nous avons a peine levé le voile sur son potentiel d'exploration. Les suivants, dont certains d'entre-nous ferons parti un jour j'en suis sûr, auront à poursuivre ce travail de longue haleine qu'est l'exploration spéléologique.

Les PHOTOS de l'expédition

 

Récit « 3 expéditions sur la Bairaman » – Papouasie

Posted by on Août 27, 2012 in Actualités, Expédition, Spéléo | No Comments

 

Les Monts Nakanaï, Papouasie Nouvelle-Guinée, un eldorado, un rêve pour les spéléologues du monde entier et un formidable terrain de jeu pour quelques rares explorateurs privilégiés. Ce sont 5500 km2 de montagnes calcaires au centre de l’île de Nouvelle-Bretagne. Un karst recouvert par une forêt pluviale primaire, en grande partie inhabité et vierge de toute incursion.
De 1973 à 1998, 11 expéditions spéléologiques s’y sont succédées, les participants étaient australiens, anglais, suisses, espagnols, polonais et français. Plus de 80 km de réseaux souterrains ont été mis à jour durant ces 25 ans. Pourtant, cela ne représente qu’une infime partie de la richesse cachée sous ces montagnes. Le point d’orgue de ces années fut l’exploration du Gouffre « Muruk » sur le massif de Galowé. Avec 1178 mètres de dénivelé, ce réseau exceptionnel reste encore à ce jour le plus profond de l’hémisphère sud.
A la fin des années 90, les repérages sur cartes et plusieurs survols en hélicoptère indiquent l’importance spéléologique d’un nouveau secteur, la Bairaman. Là, des gorges étroites entaillent le plateau calcaire sur plus de mille mètres de profondeur et de puissantes résurgences sont repérées en leur fond. Nul doute que des réseaux grandioses existent et attendent ceux qui oseront se lancer dans cette nouvelle aventure.

En 2000, une équipe légère part pour une reconnaissance plus ciblée. Elle confirmera tout l’intérêt de ce secteur mais aussi toutes les difficultés qu’il faudra surmonter pour y accéder. Le massif est sauvage et très éloigné. Maïto, le dernier village en bordure de plateau, se situe à 6 h de marche du bord de mer. Après de longues discussions avec ses habitants nous obtenons l’autorisation de venir sur leur territoire. Les récits des explorations sur Muruk sont arrivés jusqu’à leurs oreilles et ils sont curieux de voir arriver chez eux ces étranges hommes blancs qui s’enfoncent sous terre dans des tenues étranges. Les hommes de Maïto ne connaissent pas la forêt sur ces hauts plateaux et il n’y a pas de sentiers d’accès. Une difficulté supplémentaire qu’il faudra surmonter.

2002 : Premier contact

Le 18 janvier nous voilà à pied d’œuvre, après 3 jours de voyage et 5 avions de ligne différents, nous atterrissons à l’aéroport de Tokua à la pointe nord de l’île de Nouvelle Bretagne.
Avec l’éruption des volcans Tuvurvur et Vulcan en 1995, La ville de Rabaul a été en grande partie détruite et recouverte de cendres. La modeste bourgade de Kokopo, à quelques kilomètres de là, est alors devenue la nouvelle capitale économique de Nouvelle-Bretagne. C’est ici que, pendant 10 jours, nous préparons toute l’organisation de l’expédition.
Après être arrivés par bateau à l’embouchure de la Ba river, nous tentons d’atteindre à pied la zone choisie pour le camp, en passant par le village de Maïto.
C’est un échec total, même avec les papous en renfort, Il faut une journée au minimum pour avancer d’un kilomètre. Notre fierté de sportifs et d’aventuriers en prend un sacré coup !
Le terrain n’est jamais plat, le sol boueux et glissant et, pour corser le tout -suite au cyclone de 1997- la végétation est faite de taillis inextricables et de troncs cassés, enchevêtrés sur plusieurs mètres d’épaisseur. Dans l’impossibilité de poursuivre cette stratégie, nous décidons d’héliporter hommes et matériel en forêt pour gagner un temps précieux et économiser nos forces, nous en aurons besoin pour la suite …
L’Inconvénient de cette option est que la première équipe n’a pas eu d’autre choix que de sauter de l’hélicoptère en pleine jungle !
Sa mission était de repérer un endroit suffisamment plat pour installer le camp et surtout de préparer une « Drop Zone » où l’hélicoptère pourra ensuite se poser en toute sécurité afin de décharger nos 3 tonnes de matériel et de nourriture.
Ce premier contact avec la jungle a été difficile et éprouvant. A chaque nouvelle découverte spéléologique nous étions heureux de rentrer sous terre car nous étions alors « chez nous ». Dessous, tout était plus facile en comparaison des conditions extérieures : la végétation, la boue, les pluies quotidiennes.
Le 5 février à 23 h 30, une énorme secousse a mis tout le camp en émoi. Toute l’équipe se réveille en sursaut et se demande ce qui lui arrive. Un superbe tremblement de terre venait d’avoir lieu. Par chance, nos constructions ont tenu le coup, le bois accepte mieux les contraintes que le béton. Les seules conséquences sur notre montagne furent les nombreux éboulements et glissements de terrain. L’un d’entre eux a même détruit le sentier que nous avions ouvert jusqu’au canyon de la Ba river. Renseignement pris dès notre retour en France, ce tremblement de terre était de magnitude 6.6 et son épicentre à moins de 50 km du camp. Bienvenue en Papouasie.

Cette année-là, les découvertes ont été maigres mais notre motivation resta forte. Nous étions persuadés que le potentiel était réel et que notre obstination serait la clef de la réussite. Fin mars, nous sommes rentrés en France avec tout de même plus de 5 km de galeries explorées et la certitude que nous reviendrons pour poursuivre le travail. La magie Papou commence à faire effet sur nous.

2003 : Festival de "premières"

La chance est enfin avec nous, les découvertes s’enchaînent dès notre arrivée. Un premier gouffre est découvert à 15 minutes du camp, nous le baptisons « Blackboxis », mot pidgin pour désigner les chauves-souris géantes qui ont élu domicile à son entrée. Equipement, relevés topographiques, plusieurs séances sont nécessaires avant de parcourir toute la complexité de ce réseau. Une rivière tumultueuse est entrevue sur une centaine de mètres avant de se jeter dans un siphon qui stoppa notre progression après 3 km de galeries explorées, 380 mètres sous la montagne.
Cette exploration restera à jamais gravée dans nos esprits. C’est la première fois que nous voyions de tels débits sous terre. Dans un gouffre la rivière se fait annoncer avant qu’on ne la découvre. On entend tout d’abord un bruit sourd et lointain, puis le son devient de plus en plus présent, envahissant. Petit à petit, il amplit toute la galerie pour devenir assourdissant et les parois se mettent à vibrer. L’impression est comparable à l’arrivée d’un train dans un tunnel. En arrivant au bord de la cascade, le vacarme résonne dans nos têtes et accompagne chacun de nos gestes. Dans cette ambiance, l’équipement des parois pour la descente devient un combat qui demande énormément d’énergie et dont on ressort vidé.
Cette cavité nous a aussi réservé la plus mauvaise surprise de notre vie de spéléologue. Deux jours après avoir visité et topographié tout le réseau, nous avons découvert une autre entrée et avons réalisé la jonction avec le premier gouffre dans les grandes galeries du fond, rajoutant ainsi quelques kilomètres au système souterrain. Le lendemain, nouvelle descente, et là où nous aurions dû trouver un grand vide, un vaste puits arrivant au plafond de la galerie, nous eûmes la surprise de voir un lac, à peine cinq mètres au-dessous de nous !
Le niveau du siphon terminal était remonté de près de 30 mètres, inondant les galeries immenses dans lesquelles nous courions les jours d’avant !
Le coup au moral fut dur, les risques devinrent objectivement importants.
Nous sommes redescendus plusieurs fois pour voir si le niveau avait baissé et si l’on pouvait récupérer du matériel noyé par la crue. Impossible, car si le niveau a bien fluctué, il n’est jamais revenu à sa côte initiale …
A notre grande surprise, en 2003 les précipitations furent beaucoup plus abondantes qu’en 2002. Il a plu tous les jours et le maximum fut de 150 mm dans la même journée, un record en saison sèche !
En Papouasie, nous sommes conscients que le temps est à même de changer très rapidement. Néanmoins, on ne devrait pas avoir de telles quantités d’eau à cette période de l’année. Nous prîmes la décision de mener toutes nos explorations profondes après 20 heures. En effet, s’il peut aussi pleuvoir la nuit, il n’y a pas de danger d’orages soudains et violents. Malgré ces précautions, onze d’entre nous se sont fait surprendre par des vagues de crues et ont dû attendre plusieurs heures, dans des positions pas toujours confortables, avant de pouvoir remonter en toute sécurité.
D’autres gouffres importants ont été découverts et en fin de camp, une entrée prometteuse nous amène toujours plus profond. Les inventeurs l’ont baptisée 7.012 après une soirée de délires propres à la jeunesse.
300 mètres de verticales, de plus en plus aquatiques, s’enchaînent et nous arrivons au rêve de tout spéléologue : le collecteur, une rivière souterraine qui vrombit dans de vastes galeries.

Sous terre, la rivière, c’est la vie, le créateur. Etre le premier à la parcourir, à la suivre dans son œuvre procure des sensations à nulles autres pareilles, c’est le moteur de notre passion, la motivation de nos explorations. Les sensations éprouvées sont difficilement explicables, il faut le vivre pour en ressentir toute la force.
Nous avons suivi cette rivière sans étoiles jusqu’à une verticale descendue sur plus de 30 mètres avant d’arriver en bout de corde sans voir le fond du précipice …
Plus de matériel pour poursuivre, plus de temps pour revenir cette année. Impossible de rester sur cette incertitude, une nouvelle expédition commence à germer dans nos esprits. Il ne reste plus qu’à revenir une fois encore.

2005 : Rien n'est gagné d'avance…

Après une année passée à monter une nouvelle équipe et à chercher des sponsors prêts à nous suivre dans ce nouveau projet, nous sommes de retour en Papouasie. L’objectif principal est la poursuite des explorations dans le gouffre 7.012. Nous avons plusieurs fois rêvé de ce « collecteur », de cette rivière de plusieurs mètres cubes, de ces galeries de 20 à 30 m de diamètres, de ce vide qui a stoppé notre progression deux ans auparavant. En comparaison, la spéléologie en France est devenue pour nous bien moins attrayante, tout y est plus petit.
Après les incontournables préparatifs à Kokopo, la capitale de Nouvelle-Bretagne, nous acheminons les deux tonnes cinq cent de matériel par bateau jusqu’à Palmalmal où il sera conditionné pour l’héliportage.
Nous passons une nouvelle fois par Maïto, ce village oublié du temps, pour recruter notre équipe de papous et dire bonjour aux habitants avant d’aller vers le camp en montagne. Le difficile sentier entre Maïto et le bord de mer fait plus de 20 kilomètres de long pour 1000 mètres de dénivelé, il est leur unique lien avec les débuts de la civilisation.
Les retrouvailles sont joyeuses. Bien que nos vies, nos préoccupations soient à milles lieux les unes des autres, une vraie amitié nous relie maintenant. La-haut, nous avons vécu ensemble des moments forts, inoubliables. Ils nous ont appris leur quotidien, leur adaptation au milieu naturel. Nous leur avons montré toute l’étendue de notre technologie moderne. Nous leur avons aussi prouvé notre fierté à les suivre en forêt sans démériter, notre rudesse de spéléologue face aux difficultés rencontrées. Pour tout cela nous avons gagné leur considération.
Nous leur avons expliqué le but de nos voyages, les raisons qui nous poussent à aller aussi loin, à accepter ces conditions de survie dans la jungle et sous terre. Avec le temps, je crois qu’ils ont compris et accepté. Certains ont même réussi à vaincre leurs frayeurs pour nous accompagner dans des cavités faciles. Ils sont ressortis en véritables héros, les récits de leurs exploits comme des nôtres ont fait le tour du village et des environs, ils en ont fait des chansons épiques, ils ont alimenté les veillées dans les « house-boy » ou ont été clamé sur la place du village lors des traditionnels « tok-tok ». Ces histoires sont en passe de devenir des légendes qui trouveront leurs places dans la richesse de leur culture orale au même titre que celles de leurs valeureux ancêtres. Maïto est un village créé dans les années 60 par les australiens pour regrouper et contrôler les tribus Papous. La vie y est rude, le médecin le plus proche est à 3 jours de marche. La malaria et autres maladies ont souvent de lourdes conséquences, surtout pour les jeunes. Ici les mères donnent un prénom définitif à leur enfant lorsqu’il atteint l’âge de 6 ans, avant son espérance de vie est trop faible ..
L’eau est aussi un véritable problème. Trop abondante en période de mousson, elle vient souvent à manquer en saison sèche, obligeant les femmes à faire plusieurs heures de portage pour s’approvisionner à de maigres sources ou au fond des gorges de la Ba river.
Des conditions difficiles qui pourtant n’entament en rien leur bonne humeur et leur joie de vivre. De quoi relativiser nos problèmes d’occidentaux …
Depuis Maïto, il faut encore deux jours d’une marche éprouvante avant d’arriver enfin au campement. Nos quatre collègues partis une semaine plus tôt pour préparer la zone ont bien travaillé. Ils ont choisis d’installer le nouveau camp sur un nid d’aigle en bordure du plateau, au-dessus de la grande reculée. Le panorama est tout simplement exceptionnel : 1000 mètres de vue plongeante sur les résurgences et la Ba river en dessous. Au loin, un horizon qui s’étend jusqu’à la mer, à plus de 30 km de là ! Superbe.
Un contraste saisissant avec les années précédentes où nous étions perdus au milieu de la jungle avec pour tout horizon la couleur verte omniprésente et nos bâches plastiques bleues.

La prospection commence, un camp avancé est installé près de l’entrée du gouffre 7.012, un accès à la Ba river est ouvert. Celui-ci se rapproche plus de l’escalade arboricole que de la marche, des cordes sont même nécessaires par endroit mais nous sommes heureux de pouvoir atteindre ces résurgences qui nous narguaient depuis le haut. Un second camp est rapidement installé en bas, près de l’eau. La grande entrée de Lali sera la première atteinte et les découvertes s’enchaînent rapidement. Des galeries fossiles couvertes de concrétions d’une blancheur incroyable, des galeries actives dans lesquelles nous avons remonté les cascades sur 270 mètres de dénivelé avant de terminer sur un siphon.
Rarang, la seconde résurgence est un objectif moins facile, elle est perchée en pleine falaise, 120 mètres plus haut. Une escalade ambitieuse et un beau challenge relevé par Raphi, Il lui faudra 3 jours d’efforts pendu dans le baudrier, sous les embruns de la cascade toute proche avant de poser le pied dans le porche d’entrée. La déception sera à la hauteur de l’escalade, moins de 200 mètres après l’entrée, nouveau siphon, nouvel arrêt.
Sur le plateau, l’objectif principal s’est aussi révélé décevant car là encore nous avons été stoppés dans notre frénésie de découverte par un siphon à 430 mètres de profondeur, à quelques centaines de mètres seulement du puits terminal en 2003 …
Heureusement nous avons trouvé d’autres gouffres, d’autres accès à cette rivière magique avec notamment un des plus beaux endroits qu’il nous ait été donné de voir sous terre. Un immense vide de plus de 100 mètres de profondeur dans lequel se jette avec force et fracas toute la rivière souterraine. Ambiance dantesque garantie ! Un paysage grandiose, un de ceux qui efface tous les efforts et fait oublier toutes les difficultés rencontrées.

Des images qui nous poussent à revenir encore, à redescendre sous terre à la recherche de lieux identiques.
Un mois de plus passé en forêt, loin du monde. Dans nos bagages de retour cette année, de belles images, 30 heures de vidéo, des histoires plein la tête mais surtout 10 kilomètres 800 de connaissance supplémentaire sur les montagnes Nakanaï et de beaux objectifs pour une nouvelle équipe de plongeurs spéléo.

Au final nous aurons exploré plus de 25 km de galeries, de puits, de rivières, nous commençons à bien appréhender l’organisation des écoulements sur le massif, nous avons fait des mesures hydrologiques, permis l’étude d’espèces cavernicoles originales et pour certaines nouvelles pour la science. Nous avons apporté notre pierre à la connaissance de ce massif et à la construction de ses cartes. Nous avons vécu des moments inoubliables et une chose est sûre, ce ne seront pas les derniers en Papouasie.

Phil Bence

Publié dans le premier n° du mag "Origin" hiver 2007

 

Expédition Papou 2005 – Bairaman

Posted by on Août 27, 2012 in Expédition | No Comments

 

EXPEDITION NATIONALE

PAPOU 2005

Pays : Papouasie Nouvelle-Guinée
Région : East New Britain/ Monts Nakanaï Nakanaï / secteur Maïto-Bairaman.
Organisation : Association Explos
Participants : Judicaël Arnaud, Jacques Bast, Philippe Bence, Bertrand Blanchet, Sébastien Delmas, Marc Faverjon, Fabrice Fillols, Barnabé Fourgous, Tristan Godet, Olivier Guérard, Flo Guillot, Jean Héraud, Jean-Marc Honiat, Tudor Martin, Laurent Mestre, Yoann Rocco, Lionel Ruiz, Yannis Rung, Raphi Sauzéat, Marie Viaggi, Anne-Lise Widmer.
Dates : du 11 janvier au 14 mars 2005.

En 2000, une expédition de reconnaissance avait survolé en hélicoptère le plateau de la Bairaman situé en Nouvelle-Bretagne dans les Monts Nakanaï et encore jamais explorée par des spéléos, repérant des objectifs, résurgences et pertes. Deux expéditions, en 2002 et en 2003 eurent lieu sur ces objectifs. L’expédition 2005 a définit ses objectifs en fonction des explorations précédemment menées.

Déroulement :
Dans la seconde quinzaine de janvier, tandis qu’une équipe s‘occupait des courses et de l’empaquetage, une autre équipe préparait la DZ en forêt en prévision de l’héliportage du matériel.
Deux autres groupes s’occupèrent des relations avec les villageois et les autorités locales, tandis que les premiers vols en paramoteurs eurent lieu.
Le matériel a été héliporté le 31 janvier, en même temps que la majorité de l’équipe achevait la montée à pied vers le camp. Deux spéléos restèrent une semaine de plus dans le village de Maïto pour réaliser les survols de la zone en paramoteurs, dans le but de repérer de nouvelles cavités. Le camp, situé sur le bord du plateau, permettait d'explorer à la fois ce dernier dans un secteur mal connu et une reculée affluente du canyon de la Ba river. Rapidement un camp avancé situé dans la reculée fut monté et permit l'exploration des résurgences de cette zone, dont l'une d'elles a été atteinte grâce à une escalade de 140 m.

Sur le plateau, le gouffre 7.012 -exploré en partie en 2003- fut rééquipé, retopographié et son exploration s’acheva à – 423 m sur un siphon. Un autre gouffre, nommé Melchi Malu, donna accès au même collecteur en amont.
Les cavités repérées par paramoteurs furent toutes explorées.
En fin de camp, une cavité -nommée Dom Malu- fut découverte et explorée jusqu’à – 270 m.
Enfin et comme d’habitude, de nombreuses entrées ont été visités sans donner de résultats majeurs.
Après avoir démonté le camp à la fin du mois de février, quelques spéléos découvrirent sur indications des villageois et étudièrent une cavité contenant des vestiges archéologiques proche du bourg de Palmalmal. Ces vestiges sont constitués de gravures rupestres et d’ossements humains.
Des collectes de cavernicoles ont été faites dans la plupart des cavités, les espèces seront ensuite transmises a des spécialistes pour étude et détermination.
Enfin grâce aux nombreuses images tournés, le film de l’expédition est en cours de réalisation.

Résultats :
Sur le plateau, les gouffres principaux explorés ont été :

– Gouffre 7.012 : – 423 m. Arrêt sur siphons
– Melchi Malu : – 225 m. Arrêt sur siphons, l’aval correspondant très vraisemblablement à l’amont du 7.012.
– Dom Malu : – 270 m. Arrêt sur siphons et dans une autre branche, sur rien (petit puits, galerie de section réduite, pas de courant d’air, risques de mises en charge très importants).
– Gouffre des 1000 et une entrées : – 104 m. Arrêt sur siphon.

Dans la reculée, un gros travail a été réalisé sur les résurgences qui ont enfin pu être atteintes et explorées.
– Lali développe plus de 5 km. Arrêt à + 250 m sur une trémie bien ventilée.
– Rarang, entrée perchée à 150 m en pleine falaise a été atteinte après 2 jours d’escalade en artif, malheureusement celle-ci butte sur un siphon à 250 m de l’entrée.

Au total plus d’une dizaine de km ont été topographiés.
Les découvertes archéologiques sont en cours d’études et de datation et ouvrent de nouvelles perspectives d’exploration en Nouvelle Bretagne.

Perspectives :
PAPOU 2005 est la troisième expédition sur les hauts massifs de la Bairaman.
En 3 ans, nous avons pu parcourir une vaste zone de ces montagnes et avons eu la chance d'explorer de nombreuses cavités remarquables par leurs dimensions et les débits de leurs rivières.
Pour ce qui est des chiffres, c'est en tout plus de 25 km de galeries nouvelles dans 40 cavités différentes,
à cela il faut bien sûr ajouter les très nombreuses entrées qui n'ont rien donné, ou pas grand chose.
Sur le secteur étudié cette année, la fin du camp n’a pas permis de descendre toutes les entrées repérées dans la zone des 1000 et une entrées. Les objectifs pour de futures équipes ne manquent pas sur les Nakanaï…

Vous trouverez ci-dessous les premières informations concernant nos résultats

 
Bilan de 3 ans d'expéditions (Récit) 
 
 
 

Topographies des cavités les plus importantes
découvertes en 2005 :

Gouffre 7.012 – Plan

 

Résurgence de Lali – Plan

Résurgence de Lali – Coupe

Melchi Malu – Plan

Melchi Malu – Coupe

 

Dom Malu – Coupe

Marana Kepate (archéo) – Plan

 

 

 

 

> Découverte archéologique à Marana Kepate

Rapport à télécharger :  PDF léger (489 Ko) | PDF lourd (9,5 Mo)

 

Les PHOTOS de l'expédition

Le site de l'expédition

Expédition Papou 2003 – Nouvelle-Guinée

Posted by on Août 27, 2012 in Expédition | No Comments

 

Expédition PAPOU 2003

 

Dans la continuité des premières explorations sur la Bairaman en 2002 et à l'initiative de Marc Bourreau, des spéléologues de la région Ile-de-France ont relevés le défi et organisés l'expédition de 2003. Plusieurs autres spéléos originaires du Vercors, des Alpes-Maritimes et des Pyrénées ont complété et renforcés l'équipe initiale. Cela a aussi permis d'amener notre expérience et de profiter de nos contacts établis l'année précédente.
La zone choisi pour l'implantation du camp de base s'est révélée être un bon choix, les entrées de cavités étaient nombreuses et les découverts rapidement intéressantes. Le gouffre Blackboxis, situé dans le premier talweg, juste sous le camp fût rapidement découvert et son exploration nous amena dans de vastes galeries. Une découverte majeure. Ce gouffre donne accès à de grands volumes ainsi qu'à une courte mais superbe portion de rivière qui se termine sur un siphon. Celui-ci est situé au pied d'une cascade de 10 m, le courant violent qui l'alimente ne rend pas son accès engageant pour les plongeurs. Une galerie déclive amène sur un autre siphon, plus tranquille à – 381 m de profondeur.
Avec la jonction par les entrées de Philip et d'Aloïs Malu, un réseau de plus de 5 km avec 3 entrées connectées se dessine. Malheureusement une importante crue a ennoyé toute la partie terminale du système, l'eau est remontée de plus de 40 m dans des galeries de grande section…
Par chance personne n'était dans ces galeries lorsque cela s'est produit, une partie de notre matériel dont un perforateur a eu moins de chance que nous, il est resté sous l'eau jusqu'à notre départ et il doit sans doute y être encore !
Le gouffre Nambawan donne aussi accès à une belle rivière souterraine à – 200 m de profondeur après un long méandre. Un profil peu courant pour les cavités de ce pays.
Enfin une dernière cavité baptisée 7.012 a permis d'accéder dans un beau collecteur aux dimensions papouesque. Arrêt dans un Puits de 40 m sans voir pu poser les pieds au fond. La topo indique 399 m de profondeur.
Plus de 12 km de galeries souterraines ont été topographiées cette année-là et le point d'interrogation au fond du 7.012 nous a poussé à organiser l'expédition suivante sur ce massif : PAPOU 2005.

Pour télécharger le rapport cliquez ici (format Pdf de 15 Mo)

Le site de préparation à l'expédition > papou 2003

Les PHOTOS de l'expédition

 

Participants :

> Ile-de-France : Jean-Paul Couturier, Marc Bourreau, Christophe Depin, Lubin Chantrelle, Vincent Biot, Benoit Magrina, Daniel Besnard, Sophie Hafner, Anoine Rouillard, Marie-Noëlle Bertrand, Tristan Godet, Sébastien Delmas, Bertrand Valentin.
> Rhônes-Alpes : Jacques Chambard, Manu Gondras, Bab Fourgous, Jean Héraud
> PACA : Bernard Gia-Checa
> Midi-Pyrénées : Flo Guillot, Phil Bence

 

Photos Papouasie 2010

Posted by on Août 24, 2012 in photos | No Comments

Photos Papouasie 2005

Posted by on Août 24, 2012 in photos | No Comments

Crédit photos : Sébastien Delmas

Photos Papouasie 2003

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